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Comment gérer le post partum avec l’endométriose : astuces et conseils

Temps de lecture : 9 minutes

Environ une femme sur 7 est atteinte d’endométriose. Pourtant la science et les études scientifiques ne se sont jusqu’ici pas beaucoup intéressées à l’accouchement, aux suites de couche et il faut le dire encore moins au post partum des femmes atteintes d’endométriose.

Une seule méta-étude (analyse de toutes les études existantes sur le sujet, soit 28) datant de 2022 (Nagase et al., 2022) visait à évaluer l’effet de l’endométriose sur l’accouchement, y compris le taux d’accouchement instrumental, d’accouchement par césarienne, d’hémorragie du post-partum et de complications péri-opératoires pendant la césarienne. L’étude a montré que l’endométriose était associée à un taux accru d’accouchement instrumental et à un risque accru de césarienne. En revanche, elle n’est pas associée à un taux accru d’hémorragie du post partum. Par ailleurs, concernant les complications post opératoires de la césarienne, l’étude à montré que les femmes atteintes d’endométriose profonde présentaient un taux plus élevé de résection intestinale ou de lésion de la vessie que celles qui ne présentaient pas d’endométriose. 

Mais aucune n’étude ne s’est intéressée à l’impact de l’endométriose sur le post partum des femmes vivant avec cette maladie chronique. A quoi s’attendre ? Comment le vivre au mieux ? Voici quelques conseils et astuces.

Le terme “post-partum” désigne la période qui suit immédiatement l’accouchement et qui dure généralement environ six semaines, bien que certains effets physiques et émotionnels puissent persister au-delà de cette période. Anna Roy parle d’un post partum qui dure trois ans ! Cette phase est cruciale pour la récupération de la mère et l’adaptation à la nouvelle vie avec le bébé. Le post-partum implique des changements hormonaux, physiques et émotionnels importants, et nécessite souvent une attention particulière pour le bien-être de la mère et du nourrisson.

Cette phase cruciale pour toutes les femmes l’est encore plus avec l’endométriose qui induit déjà des changements hormonaux, physiques et émotionnels chez la femme en temps normal.

L’impact du post partum, avec le retour potentiel des douleurs et des autres symptômes (digestifs, urinaires, fatigue accentuée encore), peut être renforcé chez les femmes atteintes de cette maladie chronique.

Explications.

Si, pendant la grossesse, certaines femmes peuvent ne plus ressentir les douleurs d’endométriose puisque le cycle menstruel (et les variations hormonales, dont les règles et l’ovulation, qu’il implique) est mis en pause, d’autres peuvent voir leurs douleurs rester présentes, voire empirer notamment lorsqu’il s’agit de douleurs neuropathiques.

Ces douleurs peuvent être identiques à celles ressenties avant la grossesse mais elles peuvent aussi être exacerbées ou différentes : tiraillement ou douleurs lancinantes dans le bas du ventre, dans les cuisses, syndrome de Lacomme, douleurs neuropathiques, etc.

Cela peut s’expliquer par le fait que l’utérus grossit en volume et déplace les organes dans le bassin. Cette évolution impacte les adhérences créées par l’endométriose et joue aussi sur l’étirement des ligaments qui soutiennent les organes. Ces douleurs ligamentaires apparaissent chez un grand nombre de femmes non atteintes de la maladie mais peuvent être beaucoup plus intenses chez les femmes atteintes d’endométriose en raison des lésions présentes sur les ligaments.

En tout état de cause, cette situation d’amélioration des symptômes pendant la grossesse est la très grande majorité du temps temporaire.

Parce que malgré ce que conseillent certains médecins à coup de “faites un bébé ca guérira l’endométriose”, la grossesse ne guérit pas l’endométriose, ni sur les symptômes, ni sur son développement. Cette idée reçue encore très véhiculée génère beaucoup d’attente vis-à-vis de la grossesse chez les femmes atteintes d’endométriose.

Aujourd’hui, il n’y a pas d’étude ni de preuve concrète que la grossesse ait un impact quelconque sur l’endométriose que ce soit dans le sens d’une diminution, d’une stagnation ou d’une évolution des lésions.

Pendant longtemps, il a été considéré que la grossesse avait un impact positif sur l’endométriose et ses symptômes en raison à la fois :

  • du blocage de l’ovulation empêchant les tissus endométriosiques de saigner
  • de l’induction de différents changements métaboliques, hormonaux, immunitaires et angiogéniques (développement des vaisseaux sanguins).

En réalité, les études montrent que les effets de la grossesse sur l’évolution de l’endométriose et sur les symptômes sont très variables et il n’y a pas de preuve que la grossesse soit forcément un moyen de réduire la taille et le nombre de lésions d’endométriose (Leeners et al., 2018).

Il faut cependant savoir que la croissance et les changements structurels des lésions d’endométriose durant la grossesse pourraient advenir en raison de la décidualisation (Leeners et al., 2018). La décidualisation est un processus par lequel un des types de cellules de l’endomètre, les cellules stromales, subissent une série de changements et deviennent des cellules déciduales. En effet, tout au long de la grossesse, l’endomètre subit des changements multiples, qui sont essentiels à la fonction reproductrice féminine. Les nouvelles cellules déciduales interagiront directement avec l’embryon, qui viendra de s’attacher à l’endomètre: une interaction adéquate entre les cellules déciduales et l’embryon est nécessaire au bon développement de ce dernier.

Une réponse hormonale similaire peut également être décelée pour l’endomètre ectopique (endomètre présent en dehors de l’utérus). En tant que tel, les endométriomes ovariens et les implants d’endométriose profonde peuvent subir ce processus de décidualisation.

Globalement, l’état progestatif de la grossesse favorise une amélioration de l’endométriose. Cependant, la décidualisation peut amener à une croissance de la taille des endométriomes et des implants d’endométriose profonde, à des changements d’apparence à l’imagerie, voire à des complications comme la présence de sang dans le péritoine durant la grossesse.

La connaissance de ce processus peut aider à prévenir les mauvais diagnostics d’endométriomes décidualisés comme étant des tumeurs malignes des ovaires ou à reconnaitre les manifestations habituelles à l’imagerie des effets hormonaux de la grossesse sur l’endométriose.

Après l’accouchement, la femme vit deux phénomènes très spécifiques : les tranchées et les lochies.

Les “tranchées” après l’accouchement, aussi appelées douleurs de tranchées ou douleurs utérines post-partum, sont des contractions utérines que ressentent les femmes après avoir accouché. Ces contractions sont causées par l’utérus qui se rétracte pour revenir à sa taille normale après la grossesse. Les tranchées sont souvent plus intenses chez les femmes qui ont déjà eu plusieurs enfants, car l’utérus doit travailler plus fort pour se contracter à chaque grossesse successive. Elles peuvent être ressenties de façon plus aiguë pendant l’allaitement, car l’ocytocine, l’hormone libérée lors de la tétée, stimule les contractions utérines. 

Les tranchées peuvent ressembler aux douleurs de spasmes et de crampes vécues pendant les règles à cause de l’endométriose. Elles peuvent d’ailleurs être plus intenses chez les femmes atteintes d’endométriose mais ce n’est pas le cas pour toutes. De mon côté, je n’ai quasiment pas ressenti de douleurs et je n’ai pas pris les anti-inflammatoires qui m’avaient été prescrits après l’accouchement.

Les “lochies” désignent les écoulements vaginaux que les femmes expérimentent après l’accouchement. Ces pertes sont composées de sang, de mucus, de lymphe et de tissu utérin, et elles résultent du processus de guérison de l’utérus après le décollement du placenta. Les lochies passent par différentes phases :

  1. Lochies rouges (lochia rubra) : Dans les premiers jours suivant l’accouchement, les écoulements sont rouges et abondants, similaires à une menstruation.
  2. Lochies séreuses (lochia serosa) : Après environ une semaine, les pertes deviennent plus rosées ou brunâtres.
  3. Lochies blanches (lochia alba) : Enfin, après environ deux à quatre semaines, les écoulements deviennent jaunâtres ou blanchâtres avant de disparaître complètement.

La durée et l’intensité des lochies peuvent varier d’une femme à l’autre, mais elles durent généralement entre quatre et six semaines.

Aucune information n’est disponible sur l’impact de l’endométriose sur les lochies dans les études scientifiques.

Il est important de surveiller ces pertes pour détecter d’éventuels signes d’infection ou de complications, comme une odeur désagréable ou une reprise soudaine de saignements abondants, et de consulter un professionnel de santé si nécessaire.

L’allaitement (et l’aménorrhée lactationnelle qui l’accompagne) protégerait les femmes de l’endométriose et aurait également des effets sur les symptômes et notamment les douleurs ainsi que sur la propagation de la maladie (Farland et al. 2019).

Selon cette étude, un allaitement de plus de 36 mois était associé à une réduction d’incidence de 40% comparativement aux femmes qui n’avaient pas allaité. Cette diminution du risque était apparente dans les 5 années après l’allaitement.

En cas d’allaitement mixte, chaque tranche de 3 mois d’allaitement supplémentaire diminuait le risque d’endométriose de 8%. En cas d’allaitement exclusif, le risque s’abaissait de 14% par tranche de 3 mois.

Une autre étude publiée en 2021, dont l’objectif était d’évaluer l’effet de l’allaitement sur la dysménorrhée, la dyspareunie, les douleurs pelviennes chroniques acycliques, les lésions d’endométriose et le taux de récidive chez les femmes présentant une endométriose histologiquement confirmée donne des conclusions similaires : l’allaitement exclusif et prolongé peut bénéficier aux femmes atteintes d’endométriose, et peut réduire les symptômes de la douleur et prévenir les récidives. En particulier, l’étude a montré que l’allaitement réduit significativement l’intensité des symptômes douloureux. Ces résultats sont en corrélation avec la durée et l’intensité de l’allaitement. Une taille réduite des endométriomes ovariens et des récidives a également été observée, bien que le rôle de l’allaitement sur les lésions d’endométriose ne soit pas encore clair.

Beaucoup de femmes atteintes d’endométriose n’ont plus (ou en tout cas ont beaucoup moins) de douleurs pendant la grossesse. Pour certaines, la grossesse est une véritable bouffée d’oxygène concernant les douleurs d’endométriose.

La difficulté est de gérer pendant toute la grossesse la peur du retour des douleurs et des règles avec le retour de couches.

Dans ce cadre, la première chose à retenir est que rien n’est sûr quant au retour des douleurs. Chez certaines femmes, la grossesse met l’endométriose sur pause et les douleurs ne reviennent pas pendant plusieurs mois voire plusieurs années. Il est important d’avoir cela en tête.

Ensuite, il est possible de préparer son retour de couches en gardant une routine / une hygiène de vie endofriendly et anti-inflammatoire pendant la grossesse. En continuant des actions que vous aviez déjà entreprises vous maximisez vos chances d’un retour de couches le plus doux possible.

Il est possible de continuer une alimentation anti-inflammatoire pendant la grossesse – et ce accompagnée par une diététicienne qui saura vous aider à adapter les apports nutritionnels à ceux d’une grossesse (besoin en fer, en calcium, etc.). En évitant de profiter de la grossesse pour manger gateaux au chocolat, viennoiserie, burger, pizza et autres aliments ultra-transformés, vous éviterez une élévation de l’inflammation pendant la grossesse et un rebond des douleurs après l’accouchement.

Vous avez des supers marques comme Jollymama qui prennent soin de la santé des mamans avec des supers snacks et aliments adaptés aux besoins nutritionnels des femmes pendant la grossesse et en post partum et qui sont sans sucre ajouté, sans lait animal, etc. Parfait avec l’endométriose et dans le cadre d’une alimentation anti-inflammatoire;.

Vous pouvez également continuer à consulter un ostéopathe pour soulager votre corps, pratiquer du yoga et marcher pour être toujours en mouvement, vous pouvez consulter un acupuncteur, etc. Tout cela en ayant pris l’avis de la sage femme ou du gynécologue qui vous accompagne pendant votre grossesse.

Il va de soi que préserver son sommeil et réduire son stress sont des atouts indispensables pour une grossesse sereine mais aussi pour un post partum le plus doux possible avec l’endométriose.

Les lésions d’endométriose peuvent apparaître sur les cicatrices d’épisiotomie ou sur les cicatrices de césarienne. C’est ce que l’on appelle “l’endométriose pariétale”. 

Cette forme d’endométriose apparaît en général deux ans ou deux ans et demi après une intervention chirurgicale qui a nécessité d’ouvrir le ventre ou le périnée.

Elle reste relativement rare. Elle est associée à l’endométriose pelvienne dans 5 à 15% des cas (source Endofrance).

Le post partum peut être une période difficile (mais certaines femmes peuvent aussi très bien le vivre) dans la vie d’une femme. Les challenges de la nouvelle vie de maman avec un nouvel être autre que soi dont il faut s’occuper s’ajoutent à toutes les obligations qui existaient avant la grossesse. La fatigue et le chamboulement hormonal sont des éléments supplémentaires qui ajoutent de la complexité à la situation. Et lorsque les douleurs et autres symptômes de l’endométriose viennent s’entasser en plus, cela peut être particulièrement difficile à vivre.

Quelques éléments peuvent vous aider à mieux vivre (ou à survivre) à cette période.

Demander de l’aide et surtout ACCEPTER L’AIDE qu’on peut vous proposer. J’ai été la pire des mauvaises élèves sur le sujet car j’ai voulu tout gérer toute seule, faire la femme indépendante mais c’était un mauvais calcul.

Privilégier son propre repos à toutes les tâches qui peuvent s’accumuler. Vous ne tiendrez pas le marathon du post partum (qui dure 3 ans comme le dit si justement Anna Roy) si vous cramez toutes vos cartouches les deux premiers mois suivants l’accouchement. Là aussi j’ai été la pire des mauvaises élèves. Je suis du genre control freak et il fallait que tout soit en ordre dans la maison, que je sois toujours présentable, etc. Mauvais calcul également car la fatigue s’accumule, elle empire les difficultés émotionnelles (anxiété, tristesse, déprime) qui arrivent souvent en post partum. REPOSEZ-VOUS.

PRIORISER LE SOULAGEMENT DE LA DOULEUR et donc la mise en place d’actions qui vous font du bien. C’est-à-dire que si vous avez besoin de prendre du temps pour vous préparer des repas anti-inflammatoires prenez-le (même si ça peut prendre max 15 min grâce au ebook Mes Menus endofriendly). Si vous avez besoin d’aller chez l’ostéo pour soulager vos douleurs, allez-y avec bébé. Si vous avez besoin de voir des copines pour vous aérer la tête, faites-le.

→ C’est en prenant soin de vous que vous pourrez prendre soin de votre bébé. Dans l’avion on vous dit de mettre votre masque à oxygène avant celui de votre enfant. Pour le post partum avec l’endométriose, c’est PAREIL.

Même si la contraception est évoquée après l’accouchement lors de votre séjour à la maternité par la sage femme ou le gynécologue qui vous accompagnera en suite de couches, il peut être judicieux d’avoir réfléchi – en couple d’abord puis avec la sage-femme ou le gynécologue qui vous suit pour l’endométriose – à cette question avant l’accouchement. Le traitement hormonal pour l’endométriose joue la plupart du temps (mais pas toujours) le rôle de contraception. Vous pouvez aussi avoir fait le choix d’une contraception au naturel comme la symptothermie ou le préservatif, etc. Votre choix sera le bon puisque c’est le vôtre.

Vous avez plus de détails sur ce sujet dans mon article de blog “Quels moyens de contraception choisir avec l’endométriose ?”.

Dans tous les cas, il est INDISPENSABLE d’indiquer aux soignants de la maternité  le fait que vous êtes atteinte d’endométriose pour que cela soit pris en compte dans les échanges et les soins.

Sources :

  • Leeners B, Damaso F, Ochsenbein-Kölble N, Farquhar C. The effect of pregnancy on endometriosis-facts or fiction? Hum Reprod Update. 2018 May 1;24(3):290-299. doi: 10.1093/humupd/dmy004. PMID: 29471493
  • Farland LV, Eliassen AH, Tamimi RM, Spiegelman D, Michels KB, Missmer SA. History of breast feeding and risk of incident endometriosis: prospective cohort study. BMJ. 2017 Aug 29;358:j3778. doi: 10.1136/bmj.j3778. PMID: 28851765; PMCID: PMC5574033.
  • PROSPERI PORTA, Romana, SANGIULIANO, Chiara, CAVALLI, Alessandra, et al. Effects of Breastfeeding on Endometriosis-Related Pain: A Prospective Observational Study. International Journal of Environmental Research and Public Health [en ligne]. Octobre 2021, Vol. 18, nᵒ 20, p. 10602. DOI 10.3390/ijerph182010602.
  • Nagase Y, Matsuzaki S, Ueda Y, Kakuda M, Kakuda S, Sakaguchi H, Maeda M, Hisa T, Kamiura S. Association between Endometriosis and Delivery Outcomes: A Systematic Review and Meta-Analysis. Biomedicines. 2022 Feb 17;10(2):478. doi: 10.3390/biomedicines10020478. PMID: 35203685; PMCID: PMC8962356.

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